jeu, 13/10/2011 - 22:20 par Camille
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Pourquoi l'homme a-t-il perdu ses poils ?
Dans le portrait de famille des primates, nous paraissons bien nus au milieu de nos cousins.
L'homme, sans poils ? Vraiment ? En réalité – vous pouvez vous amuser à les compter si le cœur vous en dit – nous en portons tout de même près de 5 millions. Et contrairement à une idée reçue, les hommes n'auraient pas plus de poils que les femmes : ceux des premiers sont juste plus épais et plus longs.

Mais avant de s'interroger sur le pourquoi de notre pilosité discrète, intéressons nous d'abord à l'intérêt d'avoir une fourrure. En effet, la majorité des mammifères en est pourvu ; pourquoi ?
La fourrure a un intérêt évident pour les mammifères vivant dans des zones froides. Mais de manière plus large, les poils servent de protection contre l'humidité, les rayons solaires, les parasites, les éraflures…
La fourrure peut aussi servir de camouflage lorsque la pigmentation s'adapte au milieu
environnant. Enfin, les poils peuvent abandonner tout rôle de protection et prendre une utilité sociale : l'abondance, le bon état des poils, leur couleur peuvent servir à communiquer entre individus (je suis un mâle alpha). En effet, la qualité de la fourrure reflète souvent l'état de santé de l'individu !

Si la majorité des mammifères possèdent une fourrure, certains l'ont perdue. Ce sont des animaux que l'on retrouve en milieu aquatique (dauphins, baleines), sous-terre (rat-taupe) ou lorsque les milieux sont trop chauds et que les animaux sont grands (éléphants, rhinocéros…). Mais l'homme ? A priori, aucune théorie scientifique ne mentionne sérieusement que l'homme soit passé, au cours de son évolution, par des ancêtres aquatiques, vivant sous-terre ou ayant le gabarit d'un éléphant
Les tentatives d'explication de la perte de fourrure chez le genre homo ne font pas l'unanimité dans la communauté scientifique. Voici cependant l'hypothèse qui est la plus envisagée aujourd'hui :
Lorsque les ancêtres de l'homme ont commencé à sortir de la forêt, à se redresser, à marcher de manière active sur leur deux pieds, à chasser, courir… bref, avoir une activité soutenue qui donne chaud, les poils ont pu commencer à devenir handicapants. Lorsque nos ancêtres ont quitté la forêt, ils se sont retrouvés exposés à la chaleur de la savane. Gare à la surchauffe ! Parallèlement à la perte des poils, un système efficace de régulation de la température du corps s'est développé : la transpiration. On retrouve en effet chez l'homme un très grand nombre de glandes eccrines (responsables de la transpiration), entre 2 et 5 millions !
La perte des poils pourrait donc être le résultat d'un changement d'environnement et d'attitude chez nos ancêtres, qui se sont progressivement adaptés au milieu aride de la savane africaine et aux longues marches.
On se doute bien que la réponse à ce genre de question n'est pas aisée : les seuls indices que nous ont laissés nos ancêtres sont de petits morceaux d'os… Pas de traces de poils, ni de momies suffisamment anciennes, conservées dans la glace par exemple !
Mais des outils nouveaux nous permettent aujourd'hui d'aller un peu plus loin. Il se trouve que l'on connait un gène (morceau d'ADN) qui participe à la pigmentation de la peau. Un variant de ce gène, M1CR, qui donnerait à la peau une couleur foncée,
a parfois été retrouvé lors d'analyses génétiques sur des os anciens. On peut dater son apparition dans la lignée humaine à environ 1,2 millions d'années. Cela veut dire que c'est à peu près à cette époque que les hommes ont commencé à avoir la peau noire. Et avant ? On peut penser que nos ancêtres avaient la peau rose, recouverte d'une fourrure, comme c'est le cas chez les chimpanzés par exemple. Lorsque les poils ont commencé à disparaitre, il a fallu trouver un moyen de protéger la peau des rayonnements du soleil : la peau est devenue foncée !

Il y a 1,2 millions d'année, date supposée d'apparition de la coloration de la peau, on pouvait rencontrer dans les plaines africaines l'homo ergaster : bipède, apte à chasser le gros gibier, il est aussi le premier de la lignée à avoir quitté le continent africain ! Un sacré marcheur, qui a peut-être laissé une partie de ses poils sur sa route…


Lorsque notre ancêtre s'est aventuré dans les plaines africaines, en plein soleil, il n'avait pas encore inventé la casquette. Pour éviter la surchauffe au niveau de la tête, il a pu être avantageux de garder des poils à cet endroit. Les cheveux crépus ont un double avantage : tout frisottés, ils forment un petit coussin qui emprisonne de l'air et isole la tête. C'est un scénario envisagé, peut-être d'autres viendront-ils dans les prochaines années…
Quand aux poils qui persistent aux aisselles et au niveau des organes génitaux, il a été proposé que c'était une protection (rappelez vous les avantages de la fourrure, au début de l'article) et/ou un moyen de diffuser des phéromones…
En résumé...
Pour étudier l'évolution humaine, les scientifiques n'ont accès qu'à des fragments d'informations : aucune théorie sur la perte des poils ne peut donc être affirmée avec certitude. Cependant, l'idée la plus répandue est que l'homme a commencé à perdre ses poils lorsque son activité physique s'est accentuée et qu'il s'est exposé à la chaleur. Pour continuer de se protéger le cerveau contre la surchauffe, conserver des cheveux sur la tête a pu être une aide utile. Les autres poils (aisselles, pubis, etc...) peuvent avoir un lien avec la protection contre les parasites et/ou la diffusion de phéromones.
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