dim, 11/10/2009 - 13:41 par Camille
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Sujet:
Pourquoi a-t-on un nom et un prénom ?
La question
Ne vous êtes-vous jamais demandé d'où venait votre prénom ? La plupart répondront "du calendrier", "d'internet"... Certes aujourd'hui, si l'on veut chercher un prénom pour son enfant, les listes sont vastes et il y en a pour tous les goûts. Quant au nom de famille, c'est moins compliqué puisqu'il est héréditaire. Mais en allant plus loin, en remontant les générations... Il y a bien un moment où votre fameux nom de famille a été "crée", même s'il s'est transformé depuis ! Pourquoi a-t-on un prénom et un nom, et quelles en sont les origines étymologiques ?

La réponse
Dès le début du moyen-âge, on ne porte qu'un seul nom : celui que l'on reçoit au baptême. Tout comme aujourd'hui, il existe des modes et certains prénoms ont plus la cote que d'autres. Pendant un temps, on affectionne les prénoms à consonance germanique, ensuite modifiés et francisés par le temps : Théobald devient Thibaut, Theudeurich devient Thierry...
L'Eglise, quant à elle, essaie d'imposer les noms du calendrier chrétien, d'origine grecque ou latine. Ceux-ci sont également assez souvent transformés : Stephanus est par exemple devenu Etienne.
De manière générale, les prénoms font référence à un saint ou un personnage religieux, ou encore un personnage héroïque. Au cours de l'histoire, des libertés sont prises pour les prénoms, et on ressent largement aujourd'hui les influences étrangères. On donne aussi des noms de plantes ou de fleur : Iris, Rose, Lila...
Dans la noblesse, certains prénoms gardent la vedette et caractérisent une famille : chez les carolingiens on dénombre beaucoup de Charles et de Louis, chez les capétiens on rajoute ceux de Robert, Eudes ou Hugues. Les comptes des différentes régions de France ont aussi leurs noms de prédilections, et pour s'y retrouver on leur donne des numéros !
Dans le peuple, où les parents donnent souvent leur nom à leurs enfants, on utilise des diminutifs pour les différencier. La fille de Marie se fera appeler Marion, le fils de Pierre se nommera Perrin. A la mort des parents, on enlève le diminutif.

Le saviez-vous ?
Au moyen-âge "Renard" était un prénom, ou plutôt un sobriquet pour caractériser quelqu'un de rusé et futé. Dans un récit médiéval français, Le roman de Renard, des héros animaux sont utilisés pour incarner la société. On suit ainsi les aventures d'un goupil nommé Renard, du loup Ysengrain... La popularité de l'œuvre est telle que le prénom "Renard" remplace peu à peu celui de "goupil" pour désigner l'animal roux, aujourd'hui connu comme renard...
A partir des années 1000, on commence à voir apparaitre un second nom. Là aussi, les pratiques varient selon la noblesse et le petit peuple.
Les aristocratiques recevront le nom de leurs terres principales : Charles d'Harcourt, Jean de Beauvillé, etc...
Dans les autres classes sociales, on se servira de la généalogie : Jean, fils de Pierre, deviendra Jean-pierre. On trouve parfois aussi des sobriquets : une provenance (l'Anglais, le Marseillais...) ou des caractéristiques physiques (le chauve, le gros, le boiteux...).
Par la suite, ce deuxième nom tend à se transmettre à la descendance et devient héréditaire. En anglais, on emploie d'ailleurs toujours les termes de firstname (premier nom, prénom) et le surname (nom de famille). Lorsque l'inscription à l'état civil se généralise, il devient interdit de porter d'autre nom que celui qui a été noté dans les registres.
Si certains noms de famille n'évoquent rien, d'autres peuvent paraître assez cocasses et témoignent de leur passé médiéval : c'est le cas de nombreux noms alsaciens :
Becker = boulanger ; Müller = le meunier ; Fisher = le poissonnier ; Shumacher = le cordonnier ; Schneider = le tailleur de vêtements; Zimmermann = le charpentier...
mais aussi de noms à consonance française : Lenormand, LeForestier, Lavigne, Lebon, Legrand, Dubois, Dumas (la ferme), Castel (le château), Lesage, Cocteau (« coq » désigne un homme vaniteux, querelleur), Hachette, Bonnet, Dubourg, Dupré, Laval...
Quand aux noms de famille qui peuvent aussi être des prénoms (Pierre, Henry,...), ils étaient souvent donnés aux orphelins dont on n'avait aucune information sur l'origine. Les personnes possédant ce genre de nom de famille ont donc peut-être un ancêtre orphelin... Quant aux prénoms, on leur donnait en général le nom du saint du jour, le nom du mois (ex : Avril...)
En résumé...
Au début du moyen-âge, il devient courant d'avoir un unique prénom, attribué au moment du baptême. Les modes et la chrétienté aidant, certains prénoms se répandent et d'autres issus d'ailleurs sont francisés. C'est l'époque où apparaissent les prénoms d'aujourd'hui. Dans les années 1000, un second prénom apparait qui désigne la lignée. C'est le futur nom de famille qui devient héréditaire. Ces noms sont souvent dérivés d'attributs (Dumas: la ferme, Castel: le château, ...) ou de métiers (leForestier, Shumacher: le cordonnier, ...).
Pour aller plus loin...
- Le moyen âge (Pierre Langevin, ed. Pour les nuls)
- Tout sur les noms de famille (site de geopatronyme.com)
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