De Surprenantes araignées

Cadeaux, maisons sous l'eau, mimétisme... elles n'ont pas fini de nous étonner !

Argyroneta aquatica 

Argyronète dans une bulle d'airCette petite araignée a élu domicile sous l'eau. Ou plutôt, dans une grosse bulle d'air en forme de cloche ! En effet, elle ne possède pas de branchies et ne peut donc pas utiliser l'oxygène dissous dans l'eau. Mais comme on dit chez les Argyronètes: 'on a pas de branchies mais on a des idées !'
Pour résoudre ce problème, cette araignée se fabrique donc une bulle d'air qu'elle maintient dans une fine toile, arrimée à des algues. C'est dans ce petit refuge qu'elle vit et guette ses proies. Car cette araignée est une prédatrice : lorsqu'elle sort de sa bulle, elle attrappe rapidement sa proie, la tue à l'aide de son venin et la ramène dans sa bulle pour la manger.
 
L'argyronète se sert des petits poils sur ses pattes pour apporter des bulles d'air et ainsi confectionner sa cloche d'air au fur et à mesure des voyages vers la surface.
 
Mais l'oxygène ne s'épuise-t-il pas au cours du temps ? L'argyronète peut bien-sûr en cas de pénurie reprendre ses voyages vers la surface pour renouveler l'oxygène. Il semblerait de plus que les algues aquatiques aident au renouvellement de l'air dans la bulle. Ces plantes, par photosynthèse, produisent en effet de l'oxygène qui, libérée dans l'eau, entrerait dans la cloche par diffusion.
 
Argyronete en train de confectionner sa bulle d'air.             Argyronète dans sa bulle d'air.
 
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Sources : Images [1] de H. Bellmann ; [2] Libarynth.org ; [3] Biopix.dk: N Sloth

Myrmarachne formicaria

Araignée-fourmi vu de hautLe mimétisme est un phénomène que l'on retrouve assez souvent dans la nature. Il est utilisé pour tromper des proies, ou au contraire pour se protéger de certains prédateurs.
 
C'est sans doute le but visé par cette petite araignée 'imitatrice des fourmis'. La Myrmarachné fait partie des araignées sauteuses, bien reconnaissables à leur quatres « gros » yeux.
 
Celle-ci, vu de loin, possède une corpulence qui rappelle celle des fourmis. Mais la copie ne s'arrète pas à la morphologie : très agitée, elle reproduit le mode de déplacement des fourmis et pour faire « plus vrai », elle ne marche que sur 6 de ses 8 pattes et se sert de cette dernière paire pour les agiter comme des antennes !
 
Ce mimétisme de protection est dû au fait que la plupart des fourmis sont peu agréables au goût de prédateurs qui auraient tendance à les éviter et à préférer les araignées...
 
Araignée-fourmi en mimétisme sur une feuille             Araignée-fourmi vu de face. Les grands yeux sont typiques des araignées sauteuses, les salticidae
 
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Sources : Photos de Roy ch. (France 2008)

Pisaura miribilis

Pisaura mirabilis sur une feuilleLes lecteurs de Bernard Werber la connaissent sans doute, celui-ci ayant rapporté dans un de ses ouvrages le comportement atypique du mâle de cette araignée. Pour ceux qui avaient encore des doutes sur ce phénomène, voilà de quoi briller au prochain diner.
 
Chez les araignées comme chez d'autres groupes, notamment les phasmes, l'accouplement n'est pas toujours chose aisée : les femelles, parfois très aggressives ou affamées, dévorent en effet le petit mâle après la copulation, voire même pendant ou avant ! Pour se protéger et avoir une chance d'accomplir leur besogne sans risque, les mâles miribilis apportent donc un 'cadeau' à la femelle pour la faire patienter. Ils apportent un repas (petite mouche, etc.) soigneusement emballé dans un paquet de secretions de soies. S'il ne se fait pas tuer par la femelle qui, interessée par la nourriture, l'aurait pris pour une rivale, le prétendant a tout intérêt à se faire discret le temps que la femelle l'oublie.
 
Plus la femelle met du temps à déballer et à manger, plus le mâle à de temps devant lui. L'accouplement pouvant durer une heure, autant dire que le mâle à intérêt à avoir vu assez grand ! Une fois l'accouplement terminé, il ne lui reste plus qu'à filer le plus vite possible sans demander son reste.
 
Mais il y a mieux : des petits malins, plutôt que de capturer une proie, ont pris l'habitude d'offrir un paquet de soie... vide ! Le temps que la femelle déballe et se rende compte du stratagème, le mâle était déjà loin. Celles-ci ont donc pris l'habitude de secouer leurs cadeaux pour vérifier leur contenu, et de dévorer le mâle trompeur. On imagine aisément la suite : il a alors suffit aux males d'emballer un petit caillou, et le tour était joué...
 
Male et femelle Pisaure             Male et femelle Pisaure sur une feuille
 
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Sources : Photos [1] de OYphotos.co.uk ; [2] de Trine Bilde

Araignée crabe

Araignée crabe rose et blanche sur une fleurIl existe plusieurs genres d'araignées appartenant à ce groupe: les plus remarquables étant les genres Misumena et Thomisus. Ces deux araignées sont prédatrices d'insectes tels que les abeilles, bourdons, papillons... Ceux-ci étant des butineurs, l'araignée crabe se poste donc sur les fleurs pour attendre sa proie.
 
Vertes, jaunes, blanches, roses... elles peuvent changer de couleur selon la fleur sur laquelle elles se trouvent ! Mimétisme 'parfait' pour passer inapercu aux yeux des proies ? On pourrait le penser... mais il y a un bémol pour le moins gênant. Les abeilles sont en effet des insectes qui percoivent les ultraviolets. Voyez sur la dernière photo, en bas, la manière dont les abeilles percoivent leur environnement ! Or sur un tel arrière-plan, l'araignée ressort en fort contraste.
Toute logique semble se perdre... Pourquoi l'araignée se rent-elle si visible aux yeux de ses proies ?
 
L'araignée crabe aurait en réalité une double stratégie. En constrastant fortement avec l'arrière plan, elle attirerait ainsi les pollinisateurs qui repèrent les meilleures fleurs selon leur contraste. Le mimétisme copiant la couleur de la fleur serait donc dans un autre but: celui de se protéger des prédateurs ! Les oiseaux voient en effet avec les capteurs de la lumière blanche, plus ou moins comme les notres.
 
Quant aux changement de couleur, ils auraient une cause hormonale, mais certaines hypoyhèses mentionnent le rôle de substances ingérées via le pollen et portées par les abeilles consommées...
Des études récentes montrent que des abeilles australiennes auraient développé une parade d'évitement des araignées lorsqu'elles arrivent à proximité de la fleur.
 
Araignée crabe dévorant une mouche             Araignée-crabe jaune sur une fleur             Champ fleuri sous lumière UV, telle que le voient les abeilles
 
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Photos de [1] Jean-Christophe Vincent ; [2] www.wildaboutbritain.co.uk ; [3] N. Larsen ; [4] dpfwiw.com
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