Avant de commencer....

         S’il n’a fallu que 89min. à L’Odyssée de l’Espèce1  pour résumer l’histoire humaine, il faudra en revanche plusieurs millions d’années à Dame Nature pour faire de nous des Homo Sapiens Sapiens, et certainement plusieurs millions d'autres encore pour que nous comprenions  qui nous sommes. De par le passé, des grands penseurs aux plus modestes, nombreux sont ceux qui ont tenté de nous définir.
 
        "Le rire est le propre de l'homme" dit Rabelais2  reprenant Aristote3, lequel précise aussi que l'homme est un animal social et raisonnable. Pour Antoine de Saint-Exupéry, "être homme, c'est précisément être responsable. C'est sentir, en posant sa pierre, que l'on contribue à bâtir le monde"4  ou pour Vercors c'est l'être possédant des "grigris"5 , c'est-à-dire s'attachant à des objets de raffinement, non utiles au sens primaire.
        La multiplicité des définitions de l'homme d'un point de vue philosophique pourrait elle-même faire l'objet d'un mémoire, agrémenté de données scientifiques comme la marche bipède, le volume crânien ou encore l'organisation sociétale. Mais l'une des constantes qui semblent émerger de l'ensemble de ces idées est la notion de société, d'interaction sociale entre les individus d'une même espèce. Cette interaction sociale n'est certes pas le propre de l'homme au sens où chaque espèce possède ses propres normes sociales -du travail commun des fourmis aux structures hiérarchiques chez les lions- mais elle constitue une part importante de l'essence humaine. C'est par celle-ci qu'ont émergé langage articulé, écriture, communication… Le respect des normes dans les interactions sociales conditionne aujourd'hui l'acceptation d'un individu dans la société, que cela soit dans le monde physique -par la politesse, les coutumes, les traditions- mais aussi et de plus en plus dans le monde virtuel -par les conventions d'écritures, les abréviations et autres.
     
      A l'orée de l'homo numericus6, l'homme de l'ère numérique, il devient nécessaire de se préoccuper de l'intégration d'entités non humaines dans notre société; aujourd'hui par les petits robots domestiques tels AIBO , ApriAlpha, Furby7, demain avec des robots tels ASIMO8 , NBH-19 et après demain avec des entités répondant aux critères de Turing10, c'est-à-dire indiscernable d'un humain dans une conversation classique . Leur acceptation dans la société humaine est un enjeu cruciale pour ces firmes, tant par l'aspect économique que social, prospectif que déontologique. Cette question de l'acceptation se traduira donc il me semble par une assimilation nécessaire des protocoles sociaux en tant que règles de conduite  par lesdits robots. Il en émerge la problématique de ce mémoire:
 
Les normes sociales sont-elles implémentables à des agents autonomes non humains?
 
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L'Odyssée de l'espèce documentaire audiovisuelle pour France3, 2002
2  Rabelais, dans "l'Avis aux lecteurs", Gargantua,  1534; (source secondaire: Wikipedia, Humanité)
3  Aristote, Des Parties des animaux, III, X ; (source secondaire: Wikipedia, Humanité)
4  Antoine de Saint-Exupéry, Terre des hommes, 1939
5  Vercors, Zoo ou l'Assassin philanthrope, 1964
6  Paul Mathias, Normes de l'Internet et philosophie, conférence 21 janvier 2009, UTC
7  AIBO, robot chien développé par Sony, https://www.sony.co.uk/support/en/hub/ERS
8  ASIMO, robot humanoïde développé par Honda,  http://world.honda.com/ASIMO
9  NBH-1, robot humanoïde développé par le KIST, http://www.kist.re.kr/en/index.jsp
10  Alan Turing, Computing machinery and intelligence, 1950, https://www.abelard.org/turpap/turpap.php
 
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